L’exposition Itineraria Hominis est le deuxième chapitre du cycle Ordres du Jour inauguré en juin 2016 par l’artiste à Bruxelles avec l’exposition Ministère d’Affaires Intérieurs.
Ordre du Jour est divisé en diverses sections qui se réfèrent à des problématiques sociales et humaines actuelles. Les ordres du jour sont les sujets d’un agenda imaginaire universel et collectif, à traiter pendant une « réunion » de l’humanité entière. Les actions de migrer et de fuir la guerre accompagnent l’être humain depuis la nuit des temps. Dans ce chapitre l’artiste réalise une œuvre-parcours qui enquête le drame humain des migrants morts dans la Méditerranée.
Le poète Tommaso Di Dio écrit que Gasperini montre « une écriture illisible, qui se grave sur la matière » qui fait « apparaître dans notre esprit la vision des corps naufragées, de leur chair gravée » même si l’artiste ne montre aucun document. L’art est alors capable de dialoguer avec l’espace présent, et avec celui « fantasmatique » de l’Historie, comme si “elle nous mettait en garde que cette marée des cadavres qui coulent dans les abysses de la mer Méditerranée et s’échouent désespérés et à peine vivant sur nos côtes, soient pour nous la présence de la culpabilité, le spectacle d’une condamnation ourdie par nous et qui s’adresse seulement à nous”. L’installation veut donc se proposer comme un parcours initiatique dans lequel “l’art retrouve sa propre clé sacrificielle” L’oeuvre représente ce que nous sommes, le sens de l’homme comme être migrant, comme un sujet prêt à affronter des importants bouleversements tels que la violence et la mort des autres individus.
Itineraria Hominis nous invite à réfléchir sur l’horreur de l’Histoire en cherchant un nouveau parcours de partage et un mot qui puisse renouveler un sens, une conscience, une possibilité, mais qui ne soit pas une consolation. Ici “l’horreur n’est pas justifiable, ne trouve aucun sens, ni voie de sortie”, mais il s’agit donc plutôt “de rester proche à cette découverte, de s’arrêter dans la grotte, de gouter le noir et la terreur, et d’en ressortir conscient, survivant”.
Dans ce chapitre l’artiste dialogue avec un lieu d’exception: l’église désacralisée et en ruine de Santa Maria in Passione, afin de sceller la réunification de deux mondes qui appartiennent à des cultures et religions différentes et pour déclencher ainsi une réaction qui fasse réfléchir sur comment une cohabitation entre deux alphabets culturels et religieux soit possible dans un même lieu et en même temps.
L’église de Santa Maria in Passione est un bâtiment qui fait partie d’un parc archéologique. Placée sur la colline de Castello, une des hauteurs donnant sur la mer, ce village fut le premier centre habité de Gênes pendant l’antiquité. Bâtie en 1323, l’église eut nombreuses modifications architecturales et décoratives jusqu’à sa fermeture en 1866 lorsque l’ordre religieux fut supprimé et l’église fermée au culte. Presque entièrement détruit par les bombardements aériens de la Seconde Guerre mondiale, le complexe historique resta en ruine jusqu’aux années quatre-vingt-dix quand furent effectuées des actions visant à le remettre en état, jusqu’au dernier abandon faute de moyens financiers. En 2014 un collectif indépendant ressenti le besoin de restituer cet espace abandonné à la communauté locale. Est né ainsi La Libera Collina di Castello, un nouveau parc culturel urbain dans le site archéologique de Santa Maria in Passione.
Le 10 septembre l’installation a été la scène d’une lecture poétique avec des interventions de Tommaso Di Dio, Stefano Raimondi et Luciano Neri, avec la musique et le son de Paolo Traverso.
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ORDRES DU JOUR
CHAPITRE II :
ITINERARIA HOMINIS
Commissariat de Caterina Zevola